Journée mondiale du sommeil : le défi de la déprescription

15/03/2024

En cette 24ème Journée mondiale du sommeil, le CHU UCL Namur lève le voile sur un challenge pour lequel ses équipes se mobilisent depuis plusieurs années : la déprescription médicamenteuse, en particulier celle relative aux somnifères.

Un challenge à relever, plusieurs projets de recherche en cours

L’utilisation chronique de somnifères est associée à des effets secondaires, en particulier chez les personnes âgées : somnolence diurne, pertes de mémoire et chutes, accidents de la route, apparition d’une tolérance et d’une dépendance. Réduire leur consommation est donc un enjeu important pour la sécurité des patients.

Qu’entend-on par « déprescription » ? Il s’agit d’un processus d’identification et de réduction, voire d’arrêt, des médicaments pour lesquels les risques l’emportent sur les bénéfices dans le contexte des objectifs de soins, des valeurs et préférences du patient.

Nos équipes travaillent à comprendre les raisons qui sous-tendent une surprescription de médicaments et à mettre en place de nouvelles approches permettant de favoriser la déprescription. Les projets sont coordonnés par la Pharmacie clinique (Pr Anne Spinewine) et la Gériatrie (Pr Marie de Saint Hubert et Dr François-Xavier Sibille). Plusieurs patients partenaires collaborent avec l’équipe de recherche tout au long de ces projets.

Traduit de Scott IA et al.

(1)  Traduit de Scott IA et al.

Le projet européen BE-SAFE ou comment réduire l’usage des somnifères ?

Initié en 2022, ce projet de recherche, financé par le programme Horizon 2020 de la Commission européenne, vise à réduire l’utilisation des somnifères (de types benzodiazépines et sédatifs hypnotiques) en Europe en améliorant les pratiques de soins, grâce à l’implication active des patients, de leurs proches et les professionnels de santé dans une vision globale des parcours de soins.

Le CHU UCL Namur est le seul hôpital belge parmi les 6 partenaires européens du programme.

Parmi les activités de recherche qui ont été développées, une enquête a d’abord été menée auprès de médecins spécialistes, médecins généralistes, autres professionnels et patients afin de définir les barrières à la déprescription et ainsi réfléchir à des leviers d’actions. Cela a permis ensuite de développer un programme d’implémentation de réduction de ces traitements, qui sera évalué dans le cadre d’un essai clinique à partir de l’été 2024, sur les sites hospitaliers de Godinne et Sainte-Elisabeth dans un premier temps.

Une enquête a également été menée auprès de médecins spécialistes, médecins généralistes, autres professionnels et patients afin de définir les barrières à la déprescription et ainsi réfléchir à des leviers d’actions.

DI-PRESCRIBE

La surconsommation de médicaments est un problème fréquent chez les personnes âgées, entraînant une détérioration de leur santé et de leur qualité de vie. Bien que la déprescription soit une solution envisagée, elle est peu implémentée en pratique clinique.

Le projet belge DI-PRESCRIBE, réalisé avec le soutien de l’Action de Recherche Concertée (ARC) de l’UCLouvain, vise à améliorer la mise en œuvre de la déprescription en adoptant plusieurs approches :

  • comprendre les facteurs qui influencent la participation des patients à la déprescription,
  • former efficacement les futurs professionnels de la santé (médecins, pharmaciens et infirmiers),
  • exploiter les leviers au niveau des politiques de santé.

DI-PRESCRIBE prend en compte les trois niveaux du système de soins de santé qui influencent l’implémentation de la déprescription, à savoir les patients, les professionnels de la santé et le système/les politiques, ainsi que les trois milieux de soins où la déprescription peut avoir lieu : le milieu ambulatoire, le milieu hospitalier et les maisons de repos et de soins.

Chiffres-clés

  •  30 à 45% de la population belge est affectée par de l’insomnie (en tant que symptôme).
  • 1/3 de la population aura un épisode d’insomnie aiguë au cours de sa vie.
  • 10% des médicaments pris par les personnes âgées sont inutiles ou potentiellement délétères.
  • Chaque jour, 1.260.034 DDD (doses journalières définies) de somnifères et calmants sont délivrées par les officines belges.
    • Cette surconsommation n’est pas sans conséquence. Le centre antipoison constate que 40% de ses appels concernent des médicaments agissant sur le système nerveux central avec une majorité de benzodiazépines.
    • Les inspecteurs de l’AFMPS (Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé) remarquent également une augmentation du nombre de dossier d’abus de Zolpidem.

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